Né en 1965 à Toulouse — Vit et travaille en Haute-Garonne

Jean-Marc AMIGUES est un peintre dont le parcours est traversé par une tension féconde entre rigueur scientifique et sensibilité artistique. Médecin de formation, il cultive depuis l’enfance un rapport intime au dessin et à la peinture. Cette passion silencieuse devient peu à peu langage, jusqu’à occuper le centre de son expression. Si ses débuts sont marqués par l’hyperréalisme — ce désir de précision absolue, de fidélité aux modèles — très vite, le peintre éprouve les limites de cette exactitude visuelle.

Amigues travaille à partir de ses propres photographies. Mais loin de chercher à les reproduire telles quelles, il s’en empare comme d’un point de départ, qu’il trouble, défait, fait vibrer. L’artiste insuffle à ses toiles une matière nouvelle, née de l’ajout de flous, de mouvements, d’effacements : la peinture devient perception altérée, souvenir diffus, vision mentale. C’est une œuvre qui flirte avec l’abstraction sans jamais renier le réel, un réel simplement devenu poreux, incertain.

Dans ses huiles sur toile, les paysages urbains, comme les scènes de nature, apparaissent à travers un voile. L’image y est comme réfractée — les formes fondent, les contours se diluent. Ces effets ne sont pas des accidents techniques : ils traduisent une volonté de faire vaciller la représentation, de faire surgir une autre réalité, plus intérieure, plus émotionnelle. Chaque toile devient ainsi un territoire de projection pour le spectateur, invité à combler les absences, à reconstruire l’image selon sa propre mémoire, sa propre sensibilité.

La peinture de Jean-Marc Amigues, silencieuse et contemplative, trouve un écho dans les portraits voilés de Gerhard Richter ou les atmosphères floues de l’image mentale. Elle interroge : que voyons-nous vraiment ? Quelle part de nous s’inscrit dans ce que nous croyons percevoir ? L’œuvre, en définitive, n’est pas un miroir du monde, mais un prisme — un passage vers un ailleurs sensoriel, fragile et suspendu.